samedi 29 août 2015

Inauguration du Master Cyberdéfense


Dernière ligne droite pour le Master cyber-défense qui sera inauguré Lundi 31 août aux écoles de Saint-Cyr Coëtquidan. Il s’agit d’un master spécialisé dans la conduite des opérations et la gestion de crises cyber. Cette formation est portée par les écoles de Coëtquidan avec l’appui de l’école des transmissions. Elle fait partie des objectifs du pacte cyber 2014-2016 et vient s’intégrer dans le pôle d’excellence cyber de Bretagne. (source Actu Défense du jeudi 27 aout 2015)

Bon courage aux étudiants !

Et il n'est pas trop tard pour compléter ses lectures...:)


jeudi 13 août 2015

Cyberwarfare, Clausewitz, Sun Tzu and others...




Since cyber is a "new battlefield", a lot of questions have been raised about this new type of warfare. Thus, modeling cyberwarfare theories became a priority. The easiest way to start is to look backward into the rich and wide production of "strategic studies". From Sun Tzu to Clausewitz, we can go through almost 2,500 years of wars and lessons learned on the very specific nature of it. Sun Tzu is far above all, regarding the comparison with cyberwar, he is often quoted but poorly understood.  A lot of people just think that Sun Tzu approach basically rely on:
  • "know your enemy";
  • "Use stratagem";
  • "Be like a rolling river";
  • "Use spies"...
Due to the "non-kinetic" aspect of cyberwarfare, Sun Tzu's "Art of War" was widely use to describe cyber operations. A simple search on the web with the key words "cyber" and "Sun Tzu" shows it.

"Su Tzu and Cyberwar" by Kenneth Geers, 2011.

A part of Sun Tzu success for cyberstrategy is due to its "one size feets all" remarks. Once can easily read it (it's a quite short book) and understand it with its own cultural background. The second point of interest is it's chinese origin. As China is (or was? or will?) a major actor of cyberwar, the shortcup was obvious : "Sun Tzu was chinese, so the chinese use its "Art of war" to shape their own cyberstrategy"... Well indeed that's not hat i call a realistic approach.
Leaving Sun Tzu aside, an other famous author that offer insights to strategy and warfare theory is the prussian general Carl Von Clausewitz (1780-1831). His masterpiece, Vom kriege (On War) is considered as a mandatory reading in most of the military academies worldwide. But Clausewitz is not Sun Tzu, the book is far more sophisticated and its reading not easy. In a word, it's not the book you read on a train or on the beach... It's probably why there is few studies on how his vision of war can shape our fighting model in cyberspace.

"War in cyberspace" (2011)
"Clausewitz and cyber security, toward a new Trinity ?" (2014)

The first interesting question was "is cyberwar a war ?", Thomas Rid was one of the very first to explain that cyberattacks were far from clausewitz's definition of war ( see "Cyberwar will not take place") but things are slightly different now. Even if Clausewitz vision of war is mainly focused on "nation state", once has to consider that modern warfare encompass now various phenomenas who don't necessary involved state-actors. Is that a reason not to read Clausewitz ? I don't think so. "On war" is about strategy, regardless the nature of the actors.

In a recent post on the "Cyberdefense Review", explain how Clausewitz theory can be useful in the context of modern warfare.


The theories proposed by Carl Von Clausewitz almost 185 years ago maintain relevance based on their applicability relating to the rise of non-state actors and the increasing relevance of cyber operations in the context of modern warfare.  Clausewitzian theory is useful in the Computer Age and continues to offer insights to some of the most consistently experienced issues in modern warfare.  The recent release of the Department of Defense (DOD) Cyber Strategy is predicated upon the tenacious adherence to a comprehensive strategy, a topic to which Clausewitz devotes a significant amount of attention. Another area of interest for success in cyber warfare is defining the proper mix of joint Cyber Mission Forces (CMF) to fight and win the nation’s future wars (DOD Cyber Strategy).  Clausewitz again provides valuable insights by analyzing the relationship between the branches of service in the context of battlefield efficacy.
Read more here.

 This post is worth reading, and i fully agree with the author when he concludes with:

On War is as relevant to the battle against non-state actors equipped with advanced technology as it was to 19th century nation-states advancing the fight with horse cavalry.

So let's re-read it !



dimanche 2 août 2015

Les Armées face aux "Big Data"





Alors que le débat sur la robotisation de l'espace de bataille alimente de nombreux forum et ravive le spectre d'un "Terminator" en tenue camouflage (voir ici, ici ou ), la réflexion est encore assez pauvre sur les conséquences du "big data" pour les armées. Le terme, initialement perçu comme un "buzz word" est aujourd'hui au cœur du développement des nouveaux modèles économiques. Le machine learning, et autre cloud computing, bouleverse les métiers, font émerger de nouvelles spécialités, tant dans la recherche fondamentale qu'appliquée. Le data scientist n'est plus un statisticien, il donne du sens à la données et a un impact sur la prise de décision. La révolution des données n'a-t-elle aucune conséquence pour les modèles d'armées? Pour alimenter la réflexion sur le sujet, signalons l'ouvrage très complet : "Data, Décrire, décrypter et prédire le monde: l'avènement des données" ouvrage collectif sous la direction de Yannick Lejeune, qui a reçu le prix du livre Cyber 2015.



Les données, déjà au cœur de nos systèmes
La numérisation croissante des systèmes d'armes et des centres de commandement repose évidement d'ores et déjà sur des données manipulées et contextualisées. Des systèmes de géolocalisation en passant pas la logistique et la gestion du trafic aérien les armées génèrent et utilisent déjà une importante quantité de données. A l'image des entreprises, les armées n'ont pas encore totalement intégré les gains potentiels que représentent ces données. Les données sont là, mais elles restent sous exploitées. Ainsi, les technologies de traitement liées aux big data nous imposent d'innover dans notre capacité à les interroger. Dans le commerce, les entreprises ont conscience de cette évolution mais les questions demeurent encore trop souvent marquées par des approches liées au domaines de compétences (on interroge le chiffre d'affaire par équipe, le taux de progression de tel ou tel produit, etc.). Or la valeur ajoutée des données repose sur leur croisement intelligent afin de produire un effet (tiens tiens, une problématique qui a du sens pour un militaire). Une grande enseigne de commerce a ainsi pu observer les comportements de consultation de son catalogue en ligne dans la journée du mercredi et corréler ces consultations avec les achats effectués le samedi en magasin (exemple tiré de l'ouvrage). Cette illustration peut sembler triviale mais elle nécessite de dépasser la seule vision statistique d'une consultation en ligne ou des volumes d'achat en magasin, elle répond à une question précise et permet d'anticiper sur la mise à disposition de produits dans les rayonnages. 

Du big data pourquoi
A l'image de l'industrie ou des administrations, les armées doivent s'interroger sur la nature des données qu'elles génèrent et leur exploitation dans un cadre opérationnel ou non. Les applications concrètes peuvent voir le jour dans les domaines tel que le recrutement, la formation, l'entraînement et la simulation mais également la conduite des opérations, la logistique et le renseignement. En outre l'arrivée prévisible de ce que l'on qualifie "d'internet des objets" (IoT - Internet of Things) peut être anticipé pour améliorer certains segments de l'activité des armées. Ainsi, selon Rand Hindi (docteur en bio-informatique) les objets connectés représentent le hardware qui permet la collecte de data sur l'environnement et les actions des individus. Ceux-ci sont à la base du quantified self, le soi quantifié, qui regroupe les data collectés sur des processus et celles auprès des individus. Ces dernières sont alors sub-divisées en deux catégories, les données relatives "à soi" et celles relatives "aux autres" et à nos interactions. Dans le domaine médical l'apparition de ce phénomène a des implications immédiates qui permettent des pré-diagnostics automatisés. Un chef de section par exemple pourrait avoir une vision exhaustive de l'état de forme de ces hommes, détecter les individus dont les performances diminuent et donc ré-affecter les missions au sein de l'unité en tenant compte de ces paramètres objectifs. Dans le milieu du sport, par exemple, les données sont aujourd'hui au coeur de la performance individuelle et collective. Les programmes d'entraînement individualisés, fondés sur une analyse des données des athlètes, ont ainsi contribué, en moins de dix-huit mois, à faire passer l'équipe de basketball des Toronto Raptors du statut de la plus mauvaise équipe pour le nombre de blessures à la meilleure. De telles applications sont possibles dans les armées et permettraient également de former des unités élémentaires plus homogènes en terme de capacité physique, d'aptitude au tir, d'endurance à l'effort, etc.

Sur le plan opérationnel, le big data peut faire émerger une nouvelle vision des engagements, beaucoup moins statistiques et plus orientée vers la compréhension des phénomènes. Ainsi, le choix d'un lieu de stationnement pour une unité, au-delà de son intérêt tactique, pourrait également prendre en compte des données nouvelles permettant de croiser le taux d’indisponibilité de certains matériels en fonctions des données météorologiques, le lien entre la qualité du sommeil des équipes de maintenance et la durée de réparation, les périodes optimales pour certaines activités etc.

Du big data comment et jusqu'où ?
Il ne s'agit pas de succomber à un énième effet de mode "téchnophile" mais de prendre conscience de la quantité de données déjà générée (et sous employée) ainsi que de l'arrivée prévisible de nouveaux usages et de nouvelles technologie liées aux objets connectés. La première étape consiste donc à porter un "autre regard" sur la donnée avant de mettre en place des solutions techniques. Comme le souligne Laurent Letourmy (@lletourmy), "le fait d'oser imaginer une question n'est ni particulièrement simple, ni très naturel." Pour autant plusieurs limites vont rapidement apparaître dans un usage militaire. La première étant naturellement le nombre de capteurs, leurs autonomie énergétique et les systèmes d'information nécessaires à leurs traitement. Car en effet la donnée ne nait pas spontanément, elle doit être collectée (sur un individu, sur un équipement ou dans l'environnement), la nature des capteurs utiles (c'est à dire ceux qui généreront des données dont le croisement aura un effet opérationnel) doit alors être étudiée finement. Dans le contexte actuel, il est hors de propos d'envisager d'alourdir le combattant individuel, de lui adjoindre des kilos de batteries supplémentaires (sauf à l'équiper d'un exosquelette...). Par ailleurs, dans le contexte particulier des armées, des paramètres supplémentaires sont à prendre en compte. Sur le plan matériel, les contraintes d'emploi imposent des équipements robustes, les capteurs doivent donc l'être également. La sécurité est, là aussi, une spécificité à prendre en compte, dans la plupart des usages, le capteur militaire ne pourra pas s'appuyer sur du cloud computing et sur un réseau non maîtrisé pour l'échange des données. La force du big data repose sur de nombreuses interconnexions qui par nature fragilisent la sécurité d'ensemble. Il faudra donc mesurer le gain potentiel de l'introduction de cette approche "orientée données" par rapport aux risques supplémentaires sur les systèmes d'information. L'intégrité des données doit également être au centre de ces constructions, sans cet aspect, l'analyse big data n'a aucun sens. Enfin, une réflexion doit également être conduite sur la protection de la vie privé, y compris et surtout dans le cadre professionnel et individuel. La collecte de données doit permettre d'améliorer la compréhension de certains phénomènes et optimiser des ressources, mais elle peut conduire à des dérives si elle n'est pas encadrée.

Conclusion
A l'image des autres segments d'activité, les Armées doivent investir le champ du big data, non pour succomber à un effet de mode, mais bien pour en évaluer les potentialités. Les gains potentiels devraient voir le jour en matière d'optimisation des ressources comme de compréhension des environnements opérationnels. En définitive les mécanismes de prise de décision pourrait non plus être fondés sur l’intuition argumentée mais sur la donnée objective.